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dmarches actuelles
3
- Exposition du 27 mai au
20 juillet 2000.
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Cette
exposition clt un cycle initi au printemps 1999 la Villa du Parc,
poursuivi en mars 2000 et consacr la peinture contemporaine, ses
multiples dispositifs et nouvelles mutations. Elle ouvre galement une
nouvelle formule dexpositions la Villa
du Parc, qui entend donner chaque anne
"carte blanche" deux artistes afin quils semparent
respectivement dun tage du lieu. Les deux artistes invits ne sont a
priori relis par aucune collaboration, aucune adhsion convenue un
projet. Lexposition choisit une rencontre ou une confrontation
qui prserve lindpendance de chaque dmarche. Elle propose un "bon
voisinage" qui puisse momentanment cristalliser des affinits
dattitudes ou de recherches et rappeler lesprit du lieu, une
"maison"... |
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Pascal
Pinaud est peintre. Son uvre
vite tout choix dun style particulier ou dun mode
dexpression unique, mais slabore comme un systme qui
puise dans diffrents domaines de cration ou de production :
artisanat, images publicitaires ou populaires, industrie. Si le
tableau reste la structure de travail privilgie pour
lartiste, en tant quarchtype de cration et modle de
lhistoire de lart, cest sans hirarchie esthtique
des formes ou des matriaux, qui sont le plus souvent dtermins
par des critres para- artistiques. Les tableaux de "tissus
dameublement" sont par exemple produits selon des formats,
des couleurs et des motifs standardiss. Les tableaux de
"marqueteries" proviennent du matriau des caisses
demballage doeuvres. Les peintures la laque automobile
se prsentent comme des surfaces monochromes de couleurs clatantes
sur tles mtalliques, sorties de chez le carrossier. Pascal
Pinaud travaille par sries (simultanes), et le
choix du geste, du champ dactivit, des partenaires, qui
conduiront llaboration de chaque uvre, est fondamental.
Il suppose un registre technique, une opration mcanique et une
mise en uvre spcifique, o les possibilits techniques du
domaine concern seront exploites au maximum par lartiste. Pas
de hasard donc, ni dapproximation. La crativit
volontairement disperse de lartiste et lquivalence
ironique de toutes ses formes suscitent dans le mme temps un grand
perfectionnisme dans la ralisation. Lartiste intervient
sur les surfaces du tableau, par exemple en inscrivant diffrents
gestes (balayage, ponage...) sur laplat rutilant des laques.
Les oeuvres, issues de "prototypes" crs par
lartiste selon des moyens industriels, peuvent tre
"accidentes" ou "vandalises", le plus
souvent par la simple ralit de leur environnement.
Cest ainsi que des poussires se dposeront inopinment sur
les laques automobiles (poussires de pot dchappement,
poussires datelier, poussires de peinture par phnomne
lectrostatique, ou traces de fientes doiseaux...), ou que
des traces de doigts y resteront inscrites (comme sur la pice
"Toyota dark blue", qualifie par lartiste de
"Barnett Newman du pauvre" !...). Pascal Pinaud
travaille selon ses propres termes dans les "banlieues de
lart", aux limites du champ artistique, et
larbitraire ou lventuelle fantaisie des choix propres aux
oeuvres sont contrs par le principe de ralit qui les rgit. |

Pascal Pinaud, Tmoin, Laque
automobile
sur tle et vernis, Novembre
1998 |
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Pascal Pinaud, Fiat Panda
Shopping,
Laque automobilesur tle,
papier adhsif et vernis, 1998 |
Les
oeuvres de Pascal Pinaud
conquirent aussi lespace par leur tridimensionnalit
et leur emprunt lobjet dusage. Les laques ont dj, de
par leur surface rflchissante, une capacit absorber
lespace extrieur. Dautres oeuvres, en volume, inscrivent
plus mtaphoriquement la peinture dans un mouvement, une traverse
hors delle-mme, Meubles dessins, ascenseur, portique avec
rideau de perles, tapis, moulins prires composs de bobines
de fils multicolores,"monolithes" (palettes de
transport en bois recouvertes de plastique thermoform utilises
lors des passages de frontires) - tous des objets de transit qui
permettent de passer dun lieu un autre, dun tat un
autre.
La
srie la plus rcente de lartiste sintresse aux
reproductions de vandalismes doeuvres clbres de
lhistoire de lart. Photographis puis agrandis et srigraphis
sur des toiles-crans, ces vandalismes sont prsents comme un
cinma ambulant (mais en images fixes) dune des nombreuses mises
mort de la peinture, non pas celle opre par ses propres
gniteurs, qui analyse et transforme, mais celle, extrieure,
qui transgresse le sacr de lobjet et de son image, touche
lintouchable et cre par effet pervers une nouvelle icne. L
encore, lartiste met en scne et en clich la peinture
traverse, stigmatise par le rel.
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Les
oeuvres de Pascal Pinaud ont
une dimension rflexive et tout en se faisant, elles interrogent
leur mode dapparition et leur validit. Lexcution des
oeuvres reprsente une part importante, la fois dans sa
temporalit - variable, adapte au mode de production (pas plus
dune heure pour certaines, plusieurs mois pour dautres) - et
dans son procd, qui implique souvent une rptitivit
savamment organise. Lexcution est dailleurs dlgue
par lartiste des assistants, et la dmarche est en
cela conceptuelle, ce qui nattnue pas la valeur
quil accorde aux actes, un certain rapport au rel, o le
droulement des gestes scande le temps et installe la dtermination
dun projet. Les tableaux en canevas sont cet gard
exemplaires. Les oeuvres de Pascal Pinaud
sortent des limites du tableau pour se confronter lespace.
Elles sortent de latelier classique et du territoire purement
artistique pour incorporer la ralit extrieure et le monde du
travail. Dans cette logique, leur mode dexposition compte
autant que leur conception. Pascal Pinaud
cre des scnarios de mise en scne de ses oeuvres en fonction
de lidentit des lieux qui les accueillent et joue sur les
interfrences, les effets de cohabitation et lambigut des
dispositifs visuels. |

Pascal Pinaud, sans titre,
canevas, 1999 |
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Pascal Pinaud, "Guarda",
Bois et plastique, Mai 1998 |
Avec Pascal Pinaud,
la peinture est omniprsente, mais pas forcment l o on
lattend. Il faut parfois mme en sortir pour mieux en parler,
ou sen moquer pour ne pas en manquer... Il y a dans son travail
une logique interne pousse son extrme, comme une dtermination
implacable qui a les signes dune vaste entreprise, Toute son uvre
fait penser un inventaire quasi chirurgical (dans le
sens o les tats dme nont pas place), une srie
radicale doprations qui intgrent lironie et interrogent
toutes les conditions dexistence de la peinture. Le logo P.P,P.
(Pascal Pinaud Peintre) est comme une fausse marque de fabrique
pour une vraie signature dun projet dartiste, celui dune peinture
gnrique. |
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Damien Beguet
nest pas non plus attach une technique ou un style
particuliers. Il fait de la peinture sous forme de tableaux, mais
aussi dobjets, de volumes ou denvironnements. Diffrentes
sries de peintures se succdent ou se croisent, toutes
allusivement nommes : "Faaces", "Tranches de
peinture", "Visions abstraites" (acryliques et
laques sur mtal), "Galettes,"Lunettes" (laques et
couvercles de pots de peinture sur mtal)... Lartiste ralise
aussi des "wall paintings", peintures phmres
excutes directement sur le mur et lies une mise en
situation spcifique. Dautres peintures incluent des objets et
prsentent un agencement variable, dfini par le lieu
("Verres luisants" comportant des lampes et ampoules de
couleurs, "Mach" o un lecteur de CD est intgr au
tableau), Les formes de la modernit que sont le nuancier,
le monochrome, la grille, la gomtrie simple, dfinissent
souvent la plastique des oeuvres et leur confrent une esthtique
industrielle, par exemple celle des faades dimmeubles,
lorigine du travail pictural de lartiste. En ce sens, les
formes, objets ou matriaux ne sont pas choisis au hasard, mais
doublement issus dune culture de la modernit et
dune culture de masse. Limagerie "pop" et
la tlvision imprgnent le regard de lartiste dune manire
parfaitement assume et ses "visions abstraites" sont
aussi des mires de tlvision... De mme quune dimension
dcorative peut tout fait merger dune peinture murale
ou dun agencement de pices sans que la rflexion picturale
soit pour lui remise en question. |

Damien Beguet, lunettes n1,
laque, 1998 |

Damien Beguet, Faade, laque,
1998 |
Damien Beguet
ralise galement, de manire rgulire, ce quil nomme des
"travaux satellites" : travaux secondaires car moins
autonomes et pourtant ncessaires lensemble de sa
production. Cest sans doute l que laspect farceur
de sa dmarche sexprime le plus. Les "Morceaux
choisis" sont constitus dextraits de films montrant des
images de peintres, en gnral caricaturales. "Restons srieux
dresse un catalogue de blagues, reprises ou inventes, sur la
figure du peintre. Diffrentes photographies en couleurs
dobjets ou de lieux familiers rvlent, en toute modestie
amuse, "Le pourquoi il a voulu devenir peintre". Un
panneau de basket, insr comme objet dfonctionnalis dans
laccrochage pictural (donc srieux) ne devrait pas
poser de problme, nous dit lartiste, mme si on ne sait plus
trs bien sur quel terrain on se trouve. Faire de la peinture
aujourdhui ne devrait plus poser de problme... voil au fond
le message qui se dgage de toute sa production et son attitude.
Les travaux-satellites visent introduire un lment
surprenant, invitant une autre lecture du travail ou un
deuxime parcours, sans certitude immdiate. Ils aspirent aussi
une esthtique largie, en dehors du champ purement
artistique, |
La
notion de fabrication de l'uvre est pour lartiste plus
importante que lacte de peindre dun point de vue esthtique.
Elle marque lapplication dun programme de ralisation prtabli
et une fois de plus dans lhistoire de lart rcent, il ny
a quun pas de lartiste peintre au peintre en btiment. Le
travail est en quelque sorte fait avant dtre produit, non pas
"inspir par des convictions mais dtermin par diffrents
paramtres, artistiques ou non. La dimension mcanique,
la matrialit brute, contribuent cette dmystification de
la peinture, qui affirme sa pratique sur un mode dcomplex, dsenchant
et dsinvolte la fois. Le geste pictural est manipul
de manire ironique et critique pour produire des dualits de
sens, des interrogations non seulement sur lui-mme mais aussi
sur ses conditions dmergence (la socit, lurbanit,
lhistoire des formes au 20e sicle, la position sociale
du peintre...) et de diffusion. |

Damien Beguet, Faade, 1998 |

Damien Beguet, "Mach 1",
Laque, Autoradio,
Haut-parleurs, support aluminium,
1999 |
La
frquence des boutades dans le travail de Damien
Beguet (par les titres, les jeux de mots...) apparat
comme une exhortation rpte de lartiste sourire
dun excs de solennit sous-jacente aux prtentions
modernistes ou au contraire prendre plus au srieux tous les
indices socio-plastiques qui nous entourent, II y a comme un
aller-retour permanent entre les deux tats desprit pour une mise
distance libratoire de la subjectivit, un zoom jamais
fig sur le primtre variable dmission de l'uvre.
Lartiste peut alors prendre faussement figure du dilettante,
qui samuse pratiquer ce qui lui est le plus indispensable :
la peinture, ou encore du producteur-entrepreneur qui gre
le mode de ralisation du tableau, son conomie et son
instrumentalisation par lexposition. |
Au
centre du travail de Damien Beguet,
il y a la notion dlasticit de l'uvre, de
dilatation, qui la fait voluer par un systme additionnel dlments.
Les pices se contaminent et se nourrissent, ou se perturbent,
les unes les autres, et dbordent du terrain purement plastique.
Elles chappent aussi ouvertement leur auteur. Ainsi la pice
"Mach, dont la programmation musicale - induisant des
lectures variables de l'uvre - est dlgue par lartiste
un reprsentant du lieu dexposition. La dpossession de
l'uvre pour lartiste, propre toute mdiatisation
(exposition, itinrance, critique, acquisition...) est ici
pleinement assume, mme anticipe dans un jeu dpassionn et
lucide avec le systme non innocent de lexposition, mais aussi
dans un dsir de partager le travail, de le faire vivre
autrement, La musique ajoute, les blagues, leffraction du
panneau de basket... sont autant dlments qui rintroduisent
une forme de narration, parfois droutante, parfois agaante,
dans une peinture qui ne raconte pas dhistoires. |

Damien Beguet, Dans l'Atelier,
2000 |
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Chacune
leur manire et des degrs divers de maturit, les oeuvres de Pascal
Pinaud et celles de Damien Beguet
attribuent une grande importance aux modalits de lexposition,
laquelle a dcidment perdu son innocence, La cohabitation des
oeuvres est, dans les deux cas, scnarise, et si une uvre fait
sens par elle-mme, elle fait sens aussi et surtout dans son rapport aux
autres, dans lalatoire assur de lexposition. Dans cette primaut
du contexte, lespace de reprsentation est mis lpreuve de lespace
rel et non plus adjoint, ou coll dedans, et limage de
lartiste peintre tient tout la fois du chercheur, du concepteur, du
fabricant, de lanalyste, du joueur... et du peintre,
Trs variable, la temporalit de l'uvre
est enrichie par des pratiques srielles et par louverture de la
notion datelier au monde rel et au lieu dexposition.
Limportance des gestes, du faire, est au service de la concrtisation
perfectionniste - mcanique - dune ide, et au service dun ancrage
dans une ralit sociale, Pascal Pinaud
connecte des activits, artistiques ou non, met en relation des gens,
inscrit le rle des artisans au centre de la russite de ses projets, Si
lesthtique industrielle est avant tout formelle chez Damien
Beguet, elle rside aussi chez Pascal
Pinaud dans les moyens de production eux-mmes,
Les
oeuvres des artistes conjuguent les dimensions de "peinture
conceptuelle" et de "peinture processuelle" : ce
qui est dit est fait et ce qui est fait est dit. Mais ces quations sont
multiples, complexifies ou brouilles par des esthtiques
conjointes/disjointes, sans hirarchie ni choix arrt. Do la
difficult dapprhender et didentifier l'uvre des artistes, dans
la mesure o ils recourent une pluralit de pratiques, passent dun
registre un autre, Aussi bien chez Damien
Beguet que chez Pascal Pinaud,
le non-choix volontaire des formes, matriaux et techniques ne fait plus
contenir la peinture de message propre, si ce nest celui du
tout-est-peinture (ou la peinture peut tre partout), La radicalit
est dsormais dans la mise en uvre des procds et leur rflexivit.
Dans le double mouvement de lpoque, du tout-psychologique,
introspectif, et du tout- mdiatique, les oeuvres sauto-analysent sans
non-dit tout en spectacularisant ironiquement leur mode dtre.
Peinture de gnration ? Peinture sans affect,
sans pathos, sans "credo". A la fois spculaire et
extravertie. Dans une approche plus jouissive et cynique du monde, les
oeuvres veulent faire avec le monde tel quil est et non plus le changer
(ou alors le changer de lintrieur, insidieusement...), Peinture de la
constance, voire de lacharnement (discret), et de la libert. La libert
avec les contraintes, plutt que sans ou contre.
En quittant ses prsupposs thoriques et
plastiques, la peinture resurgit sans cesse, et se raffirme par
un ancrage dans le monde rel et une polysmie dapparition. Sa
perception ne pouvant plus tre totalisante et immdiate, le spectateur
doit construire son propre cheminement physique et intellectuel dans
lexposition. Il est aussi davantage sollicit, dans la libert
individuelle de ses expriences.
Corinne Guerci
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